Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/447

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dieuses de je ne’sais quelles ténèbres où l’on veut qu’elles aient trouvé leurs premières inspirations elles grandirent dans l’étude et sous la discipline, elles se nourrirent des souvenirs de l’antiquité sacrée et profane ; et si la Divine Comédie et les fresques d’Assise ravirent l’admiration des contemporains, c’est qu’ils y trouvèrent autant de savoir que de génie.

Quelle était

l'instruction
du peuple

Mais le peuple qui admirait ces beaux ouvrages, le peuple de Padoue, qui, par un vote public, décernait à Mussato la couronne de poète ; les gens des métiers de Florence, qui chargeaient Arnolfo di Lapo de leur élever une cathédrale « si belle qu’elle surpassât tous les monuments de la main des hommes ; » en un mot, la multitude, dont les plus grands génies ne sont après tout que les serviteurs, était-elle capable de les juger ? Pendant que les premiers feux de la renaissance rayonnent au sommet de la société italienne, quelles lueurs en éclairent les derniers rangs ? quelle instruction, quelles traditions littéraires circulent dans la foule, et entretiennent, chez des hommes voués aux fatigues du corps, le goût des plaisirs de l’esprit ? Et d’abord je remarque chez les Italiens cette puissance de la tradition qui surprenait déjà l’historien Olton de Freysingen, lorsqu’il décrivait l’entrée de l’empereur Frédéric I° en Lombardie. Les Allemands s’attendaient a trouver des alliés naturels parmi les Lombards, dont ils avaient entendu ra-