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maintenir avec une incroyable persévérance dans les chants populaires. Je pourrais multiplier les exemples, citer les célèbres complaintes sur la destruction d’Aquilée, sur la mort de Charlemagne, sur la captivité de l’empereur Louis II ; deux psaumes en l’honneur des villes de Vérone et de Milan, des chansons satiriques contre Rome, et beaucoup d’autres compositions profanes. Mais j’écarte tout ce qui peut rappeler le monastère ou l’école, et je’ m’arrête à des chants qu’on surprend pour ainsi dire sur les lèvres mêmes du peuple. En 954, les gens de Modène veillaient sur leurs murailles menacées par les incursions des Hongrois. Ces bourgeois et ces. artisans, armés à la hâte pour la défense de leurs foyers, et qui voyaient de loin la flamme des incendies allumés par les barbares, s’animaient en répétant un hymne guerrier que nous avons encore, où nous trouvons une latinité correcte et toutes les réminiscences de la poésie classique :

0 tu qui servas armis ista mœnia,
Noli dormire, quaeso, sed vigila !
Dum Hector vigil extitit in Troia,
Non eam cepit fraudulenta Grecia

[1].

Plus tard, Gaufrid Malaterra insère dans sa Chronique de Sicile des chants composés pour les jours d’allégresse ou de douleur publique, et s’excuse de

  1. Muratori, Antiquit., III, 709.