Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/95

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mille , au service des pauvres, de ceux qui souffrent, et qui jusque-là n’avaient jamais vu leurs larmes essuyées par des mains si tendres et si bienfaisantes. Saint Jérôme raconte que Fabiola, descendante des Fabius, qui, connaissant mal le christianisme, avait eu le malheur de divorcer, touchée de la mort de son second mari, résolut de faire une pénitence publique et se présenta un jour à la basilique de Latran, la tête chargée de cendres, confondue dans les rangs des pécheurs, et demandant à expier ses fautes, au milieu des larmes que versaient le peuple, le clergé et l’évéque lui-même et quand elle eut reçu sa pénitence, elle vendit tous ses biens, et de leur prix construisit un hôpital pour les malades où elle les soignait elle-même. La fille des consuls et des dictateurs pansait les blessures des misérables, des estropiés, des esclaves de rebut que leurs maîtres abandonnaient, portait elle-même sur ses épaules les épileptiques, étanchait le sang des plaies, et remplissait tous ces ministères, que les riches chrétiens les plus charitables ont coutume, dit saint Jérôme, de faire exercer par les mains de leurs serviteurs, ayant le courage de faire l’aumône de leur argent, mais non de leurs répugnances. Une foi plus forte est maîtresse de ces dégoûts. Aussi la vénération du peuple s’attacha-t-elle à cette femme qui avait méprisé ainsi et foulé aux pieds loutes les grandeurs pour se’