Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/99

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avec des pieux et firent ensuite passer sur elles leurs chariots. En outre, les barbares avaient la polygamie, comme nous l’apprend Tacite les chefs se faisaient gloire du grand nombre de leurs épouses ; dans les mœurs germaniques, on achetait celle qu’on se donnait pour compagne, on pouvait la revendre, et souvent le chef qui mourait faisait’ attacher sur son bûcher les femmes qui avaient partage l’honneur de sa couche.

Ainsi le christianisme avait à apprendre aux barbares à respecter les femmes tous les jours, et s’il rencontra pour cette œuvre quelque secours dans les instincts de la barbarie, il y trouva encore plus de dangers. Aussi Théodoric et Gondebaud se hâtèrent-ils d’emprunter au code Théodosien la constitution de Constantin, qui réglait le divorce, et à, l’aide de ces textes les rois barbares crurent pouvoir introduire la polygamie dans les mœurs ; la polygamie successive, au moins, sinon simultanée [1]. De là le grand nombre de femmes des rois mérovingiens, et nous savons comment saint Colomban, par exemple, ayant reproché à Brunehaut le soin avec lequel elle fournissait de concubines le sérail de son petit-fils, fut exilé et obligé d’aller chercher dans les solitudes de la Suisse un lieu où il ne trouva plus que des ours, des bêtes féroces, moins rebelles à ses mains miraculeuses

  1. V. l’édit. de Théodoric, c. LIV, et la loi des Bourguignons, tit. III, § 3.