Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/134

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un attrait plus vif pour ces lieux sauvages, pour ces vertes montagnes couronnées de glaciers, qui leur rappelaient les pâturages et les neiges de leur pays. Mais c’était peu d’avoir donné aux déserts le spectacle de l’ascétisme chrétien, il appartenait a l’apostolat de saint Colomban d’entraîner les peuples. Nous l’avons vu pendant trois ans s’attacher à la conversion des païens, troubler leurs orgies, briser leurs faux dieux, et s’éloigner enfin, comme il disait, de ce nid de vipères. Mais, tandis qu’il s’acheminait vers l’Italie, un de ses religieux appelé Gallus fut retenu par la fièvre, et resta chez les Alemans. C’était un homme éloquent, qui parlait la langue des Germains, et dont les discours avaient touché un grand nombre d’infidèles. Il ne faut donc pas s’étonner si la légende fait fuir les esprits mauvais, c’est-à-dire les anciens dieux, devant lui. Elle raconte qu’un soir, comme Gallus jetait ses filets dans le lac, il entendit le démon de la montagne appeler le démon des eaux:« Lève-toi, lui criait-il, et viens à mon secours ; car ces étrangers m’ont chassé de mon temple. » Et le démon des eaux répondait « Voici l’un d’entre eux, à qui je n’ai jamais pu nuire, J’ai tenté de rompre ses filets, mais je pleure ma défaite car il est toujours muni du signe de la prière, et le sommeil ne le surprend jamais. » Mais le serviteur de Dieu, au nom du Christ, leur commanda de se retirer,