demandaient, si le chrétien était toujours dans le désert. C’est le récit de la légende ; elle fait admirablement ressortir tout ce qui restait encore du paganisme dans les imaginations ; et le combat engagé entre le dieu nouveau et les anciennes divinités qui avaient pour ainsi dire toute la nature dans leur parti. Ces esprits des lacs et des glaciers, ces Ondines qui narguent le pêcheur, sont les souvenirs tout vivants de la mythologie germanique. S’ils fuient devant la parole du serviteur de Dieu, c’est pour se réfugier plus loin : et, cinq siècles après, quand le poëte des Nibelungen représente les guerriers bourguignons chevauchant à travers l’Allemagne et se rendant à la cour d’Attila, les Ondines les arrêtent au passage du Danube, pour leur prédire une mort violente au milieu des festins[1].
Cependant l’histoire se dégage de la légende, et l’accord des récits contemporains ne permet pas de révoquer en doute le séjour de Gallus dans ces montagnes auxquelles il devait donner son nom. Le saint avait trouvé entre deux ruisseaux un lieu aplani et couvert d’un bois très-agréable. C’est là qu’il bâtit sa cellule. Bientôt deux disciples vinrent la partager avec lui : peu à peu leur nombre s’éleva jusqu’à douze. La route qui conduisait à l’humble monastère se frayait sous les pas des pèlerins. La renommée de Gallus s’étendit à ce point,
- ↑ Vita S. Galli. Cf Nibelungen, Aventure 25 ; Grimm, Deutsche Mythologie, 456.