Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/168

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cruelle qui avait, égorge leurs aïeux et usurpé leur terre[1]. »

Il se peut qu’Augustin et ses compagnons n’aient pas toujours assez ménagé l’orgueil des Bretons, exalté par une longue résistance militaire, par les traditions des moines et par les chants des bardes. Mais, derrière les missionnaires romains, il faut voir le grand esprit de saint Grégoire qui les a poussés, qui les soutient de ses exhortations, lorsque, arrivés dans les Gaules, ils s’effrayent de leur entreprise et demandent à retourner en arrière ; qui les appuie de ses lettres auprès du clergé gaulois et des rois francs qui ne les abandonne point dans cet isolement où ils se voient entre les Saxons

  1. Bède, Hist. eccles., II , 2. Voici ta proposition d’Augustin : « Si in tribus his mihi obtemperare vultis, ut Pascha suo tempore celebretis, ut ministerium baptizandi quo Deo rénascimur, juxta morem s. Romana Ecclesiaee compleatis, ut genti Anglorum una nobiscum praedicetis verbum Domini, caetera quæ agitis, quanquam moribus nostris contraria, quanimiter cuncta tolerabimus. At illi nihil horum se facturos respondebant, conferentes ad invicem quod si modo nobis adsurgere noluit, quanto magis si ei subditi cæperimus, jam nos pro nihilo contemnet. » La vie de saint Livin, attribuée à saint Boniface, mais qui est assurément très-ancienne, fait voir saint Augustin en rapport d’étroite amitié avec le clergé et les rois d’Irlande. Quel que soit le mérite de ce document, il vaut assurément la chronique galloise du dixième siècle alléguée —par M. Thierry, et surtout le prétendu discours du clergé breton, produit pour la première fois par Spelman. Concilia Britannicae, I,p. 108. L’Archéologie de Myvyr a recueilli les chroniques qui attribuent à Dunawd. abbé de Bangor Iscoed, cette déclaration qu’il ne pouvait croire juste de prêcher l’Évangile aux barbares. Cf. Williams, Ecclesiast. Antiquities, p 55 et suivantes. Les écrivains auxquels nous. répondons ont voulu que la phrase de Bède, qui déclare le massacre de Caorléon postérieur à la mort d’Augustin, fùt interpolée. Mais on ne donne aucune preuuve de cette interpolation.