Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/170

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naires, si effrayés naguère de la férocité des Saxons, ne craignaient pas de leur proposer, comme a des intelligences exercées, des doctrines auxquelles tout l’effort de la philosophie antique n’avait pas atteint. Ils eurent cette confiance dans la rectitude naturelle de l’esprit humain. Ils voulurent tout attendre, non de la force ni de la surprise, mais de la discussion libre. Ethelhert avait pris son temps pour s’assurer de la doctrine qu’on lui prêchait, ne pouvant, disait-il, abjurer sans examen ce qu’il avait observé depuis si longtemps, l’exemple de ses pères et avec le concours de tout son Peuple. Plus tard, quand le roi des Northumbres, Edwy, ébranlé par l’évêque Paulin, penchait au christianisme, il convoqua les sages de son royaume, et tenant conseil avec eux, il voulut savoir ce que chacun pensait d’un culte si nouveau. Il faut assister-avec l’historien Bède à cette étrange conférence, il faut voir ces tueurs d’hommes tourmentés des problèmes de l’autre vie, et de l’incertitude où le paganisme, malgré toutes ses fables, laissait le dogme de l’immortalité. Le premier qui parla fut Coïffi, le grand prêtre des faux dieux : « Ô roi, dit «  il, c’est à vous de juger ce qu’on nous prêche maintenant. Pour moi, je vous confesse sans dé «  tour qu’il n’y a aucune sorte de vertu dans la

    quidem sunt ea verba et promissa quae affertis sed quia nova sunt et incerta, non possum eis assensum tribuere, relictis eis quae tanto tempore cum omni gente Anglorum servavi. »