Questions de S.Augustin. Réponses de S. Grégoire.
C’était beaucoup de détacher du paganisme, sans violence, un peuple violent ce qui voulait plus d’effort et plus de génie, c’était de l’introduire dansla société chrétienne, non pas homme par homme et famille par famille, mais d’un seul coup, avec ses rois, sa noblesse guerrière, ses institutions. En présence de tant de difficultés, on ne s’étonne pas si Augustin se troubla, si ses lettres portaient a saint Grégoire des questions et des doutes, et s’il fallait que les réponses du pontife prévissent tous les besoins d’une chrétienté naissante, l’organisation de l’Eglise, l’ordre des cérémonies, le temporel du clergé, la réforme de la famille. Augustin demandait pourquoi, s’il n’y a qu’une seule foi, tant de différence entre les liturgies ? Saint Grégoire lui répond : « Votre Fraternité connaît l’usage de l’Église romaine, dans lequel vous ne sauriez oublier que vous fûtes nourri. Mais, soit que vous trouviez dans l’Église de Rome, ou dans celle des Gaules, ou dans toute autre, quelque usage que « vous croirez plus agréable à Dieu, je veux que vous le recueilliez avec soin, et que vous l’établissiez dans la nouvelle Église d’Angleterre. Car il ne faut pas aimer les institutions pour les lieux qui les observent, mais plutôt les lieux pour les
omnia abscidere impossibile esse non est dubium. » Hughes, Horae Britannicae, 270, dénonce la lettre de saint Grégoire à Mellitus comme le commencement des capitulations de conscience. M. Mignet, au contraire (sur l’introduction de l’ancienne Germanie dans la Société civilisée, p. 18), loue la profonde sagesse de cette conduite.