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interdirent l’adultère, l’inceste, les noces illicites, la vente des esclaves chrétiens aux idolâtres. Le dernier renouvelait la défense des pratiques païennes, sous peine de quinze pièces de monnaie. On dressa, pour éclairer le zèle des prédicateurs, une liste de-= trente superstitions populaires, monument instructif du paganisme germanique ; et la formule suivante, rédigée en langue tudesque, fut proposée aux convertis : « Je renonce au démon, à la communion du démon, aux œuvres et aux paroles du démon, à Dunar, Woden et Saxnot, et à tous les esprits impurs qui sont avec eux . »[1] Le concile tenu l’année suivante à Soissons, sous Pépin, étendit les mêmes bienfaits aux provinces
- ↑ Willibald, X. Giles, Opera Bonifacii, t II, p.11 Capitulare Karlomanni de Concilio Liptinensi, 743. Indiculus superstitionum : Abrenuntiatio diaboli, apud Pertz, t. II. Ce monument de la langue teutonique au huitième siècle est trop intéressant pour ne point le rapporter ici. « Forsachis tu diabolae ? » Et respondeat : Ecforsacho diabolae. -End allum diobolgelde ? Respondeat : « Ec forsacho allum diobolgeldae ;- End allum dioboles werkum ? Respondeat : End ec forsacho allum dioboles werkum end wordum : Thunaer ende Woden ende Saxnote, ende allem them unholdum the hira genotas sint. Gelobis tu in got alamehtigan fadaer ? — Ec gelobo in got atamehtigan fadaer.- Gelobis tu in Crist-godes suno ?- Ec gelobo in Crist godes suno. -Gelobis tu in Halogan Gast ?- Ec gelobo in Halogan Gast. » J’appelle l’attention sur le mot diobolgelde, où l’on reconnaît une trace de ces fameuses gilde, associations païennes de festins et de secours mutuels, qui se perpétuèrent et prirent un caractère politique au moyen âge. On a doute que l’Indiculus et les formules qui le suivent dussent réellement faire partie des actes du concile de Leptines. Mais ces documents s’y rattachent nécessairement par la pensée qui les a dictés.