Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/232

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ancien évêque Daniel le trouble de sa conscience, partagée entre la nécessité de porter ses conseils et ses représentations au duc des Francs, et la crainte de violer les saints canons en communiquant avec les prêtres sacriléges qui fréquentent le palais. C’est en vain que Daniel le rassure par l’exemple du Christ, qui s’asseyait à la table des pêcheurs, et que, plus tard, le pape Grégoire II lui répond dans le même sens. Vingt-six ans après, la même crainte le poursuit ; il s’accuse auprès du pape Zacharie de n’avoir pu s’abstenir corporellement du commerce des excommuniés, quand le besoin des églises le conduisait au palais des princes. « Seulement ajoute-t-il, j’ai gardé, sinon la lettre, du moins l’esprit de mon serment, puisque mon cœur ne s’est point associé à leurs conseils.» Un autre soin le tourmente et le presse davantage, à mesure que ses années se multiplient c’est celui de tant de disciples qu’il a tirés des cloîtres d’Angleterre, et qu’il laissera exposés à tous les hasards de l’exil et de la persécution chez un peuple à demi barbare. Il leur cherche un protecteur puissant en la personne de Fulrad, abbé de Saint-Denis et conseiller de Pépin, et il lui écrit en ces termes: « Je vous conjure, au nom du Christ, de mener à bonne fin l’ouvrage que vous avez commencé, c’est-à-dire de saluer en mon nom notre glorieux et aimable roi Pépin, de lui rendre grâce de toutes les œuvres charitables qu’il a faites pour moi, et de lui dire