prières. Puis, rassemblant une grande armée, après avoir invoqué le nom du Christ, il partit pour la Saxe avec les évêques, les abbés, les prêtres, docteurs et prédicateurs de la foi, qui voulaient imposer la douce loi du Christ à ce peuple engagé dans les chaînes du démon depuis le commencement du monde. Il entra donc dans le pays de Westphal, pénétra jusqu’au Weser, s’empara d’Éresburg, et renversa la colonne qu’on y honorait sous le nom d’Irminsul. Les trésors ramassés dans ce lieu furent livrés au pillage. L’armée se reposa trois jours et, comme au bout de ce temps elle commençait à souffrir de la soif, une source abondante jaillit tout à coup du lit desséché d’un torrent voisin. Il sembla que Dieu confirmait la victoire par ce signe, et que les-ennemis la reconnaissaient par leur soumission. Ils donnèrent douze otages ; le roi leur laissa des prêtres, et revint dans son manoir paternel de Héristal jouir en paix d’un succès si facile[1].
Mais, l’année suivante, tandis que Charles descendait en Italie pour mettre fin au royaume des Lombards, les Saxons se soulevèrent, chassèrent les missionnaires, mirent la Hesse à feu et à sang-et vinrent brûler l’église de Fritzlar. C’était la pre-
- ↑ Vita S. Sturmi Rex vero Carolus, ’Domino semper devotus,
quum ipse christianissimus esset, cogitare cœpit qualiter gentem
hanc acquirere Christo quivisset, » etc. Eginhard, Annales ad
ann. 772. Poeta Saxo, ibid.
Ad patriam rediit magna cum prosperitate.