Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/27

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fameuse journée qui renversa tout ensemble la fortune de Licinius et le règne du paganisme ? L’Église des Goths grandit dans l’ombre ; on l’a vue déjà à représentée par l’évêque Théophile au concile de Nicée. Bientôt après parait Ulphilas, qui tient un moment dans ses mains toutes les destinées religieuses de son peuple. On ne sait rien des commencements de cet homme extraordinaire, sinon qu’il descendait d’un famille chrétienne enlevée de la petite ville de Sadagolthina en Cappadoce par les Goths, qui la saccagèrent en 266, et que ce fils adoptif des barbares, le fils de la louve (Wulfilas), comme ils l’appelaient, était compatriote et peut-être parent de l’historien grec Philostorge. Il évangélisait les Visigoths de la Mésie, de la Dacie et de la Thrace, quand il devint leur évêque vers 348, et se rendit en cette qualité au concile tenu en 360 à Constantinople par les ariens, qui surprirent son adhésion, sans le détacher néanmoins de l’orthodoxie[1]. C’est alors que, frappé de la majesté des Césars, il put concevoir le dessein de donner à son apostolat le dangereux appui de leur épée. Deux partis divisaient les Visigoths. L’un obéissait à Athanaric, l’autre à Fritigern. Après une lutte inégale, Fritigern invoqua l’intervention de l’empire ; Ulphilas semble en avoir négocié les conditions. Les

  1. Sozomène. VI, 37 Ἀπερισκέπτος οἶμαι μέτασχών τοῖς ἀμφὶ Εὐδὸξιον καὶ Ἀκάκιον τῆς εν Κονσταντινουπόλει συνόδου διεμέινε κοινω νῶν τοἶς ἰερεῦσι τῶν εν Νικαίᾳ συνελθόντων.