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seraient mieux employés à la conversion des Huns et des Avares[1].» Ainsi les moyens parurent manquer au moment décisif, et ce fut un grand spectacle de voir comment la Providence menerait son œuvre jusqu’au bout. Il y avait été pourvu de longue main. Nous avons vu l’ancienne Germanie se partager entre deux sortes de peuples, les uns émigrants, les autres sédentaires. La même division se reproduit encore dans chaque peuple, soit qu’il ait gardé, soit qu’il ait abandonné son territoire. Ainsi, parmi les nations émigrantes, les Goths formaient deux camps celui des Visigbths, qui pénétrèrent jusqu’en Espagne celui des Ostrogoths, qui s’ébranlèrent cent ans plus tard, et s’arrêtèrent en Italie. Les Francs, à leur tour, fondèrent. les deux royaumes de Neustrié et d’Austrasie, dont nous connaissons les rivalités. De même, parmi les populations sédentaires, les Scandinaves ne désertèrent jamais les après rochers du Danemark et de la Suède ; mais ils jetèrent sur tous les rivages de l’Europe ces pirates, facilement civilisés, qui furent les Normands. Les Saxons eurent aussi leurs émigrations maritimes ; ceux d’entre eux qui allaient chercher le péril et le butin sur les terres de la Grande-Bretagne finirent par se rendre maitres des terres mêmes. Grossis par des bandes nouvelles, ils formèrent une confédération puis-

  1. <Alcuin, Epistola.