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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/295

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Cette réponse suffit à Charles pour juger l’évêque, et il ne voulut plus écouter de plainte contre lui. Alors, toute la Westphalie étant devenue chrétienne, le serviteur de Dieu méditait de porter l’Évangile aux Scandinaves, quand il’mourut à Munster le 26 mars de l’an 809[1].

La légende qu’on vient de rapporter commence en pleine barbarie. Elle prend les peuples de la Saxe au point où le christianisme les trouva elle les conduit jusqu’au moment où, le paganisme ayant disparu, il faut que la foi cherche plus loin vers le Nord d’autres nations à convertir. On découvre les moyens d’un si grand changement ; et comment se formèrent les hommes qui y mirent la main. On voit d’abord les écoles anglo-saxonnes, dont la lumière remplissait l’Occident, recueillir ces fils de barbares. Des maîtres savants exerçaient aux sept arts de l’antiquité, à la logique des Grecs, à la poésie latine, ces esprits simples dont il fallait faire des prêtres, qui iraient vivre sans repos dans les forêts de la Germanie, à la poursuite des païens. Une telle éducation était moins superflue qu’on ne pense ; elle rompait les âmes au travail et les rendait propres aux grands efforts. Nourri des lettres divines et humaines, le disciple est fait prêtre on le suit au milieu de ces tribus grossières qu’il doit instruire. Il les subjugue par l’inflexibilité d’une vo-

  1. Vita apud Bolland. et Pertz, II, 407.