Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/316

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pour lui le glaive ecclésiastique, et remet le glaive temporel à l’empereur et, s’il monte son blanc palefroi, il faut que l’empereur lui tienne l’étrier[1]. » Tel était le progrès des esprits chez ces barbares d’hier : ils aimaient à mettre aux pieds de l’autorité spirituelle, d’un vieillard qu’ils auraient pu écraser, la force, figurée par ce qu’ils connaissaient de plus redoutable au monde, par l’empereur, héritier des Césars, chef de la féodalité, avec sa cour, ses juges et ses chevaliers bardés de fer. Une si grande nouveauté ne pouvait s’introduire sans contradiction. De là, cette lutte du sacerdoce et de l’empire, qui agita cruellement les peuples, mais qui devait faire l’éducation politique de la royauté[2]. Les souverains y apprirent qu’ils avaient cessé d’être, comme les Césars du paga-

  1. Epist. Ludovici II ad Basilium imperatorem Nam Francorum principes primo reges, deinde imperatores dicti sunt, ii duntaxat qui a romano pontifico ad hoc oleo sancto peruncti sunt. » Cf..Schwabenspiegel, Vorrede, art. 9 et 10 : « Seid nun Got des fridis fürst ye heisset so liess er zwey schwert auf ertreich, do er zu himel für, zu schirm der Christenheyt. Dye bevalch Got S. Peter beyde, eines des woltlichein Gericht, das andere von geistlichem Gericht. » Mais la loi de Saxe, le Sachsenspiegel, reconnait la séparation des deux pouvoirs.
  2. La querelle avait déjà commencé avant le milieu du neuvième siècle : le concile d’Aix-la-Chapelle, en 836, s’en exprime en ces termes : « Unum obstaculum ex multo tempore jam inolevisse cognovimus, id est quia et principalis potestas, diversis occasionibus intervenientibus, secus quam auctoritas divina se habet, in causas ecclesiasticas prosilierit ; et sacerdotales, partim negligentia, partim ignorantia, partim cupiditate, in secularibus negotiis et sollicitudinibus, ultra quam debuerant, se occupaverint (Schannati, Concilia Germaniae).