Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/33

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laient recevoir un évêque de ses mains. C’est vers le même temps qu’il faut placer l’apostolat de saint Nicétas. Il était venu du fond de la Dacie visiter à Nole le tombeau de saint Félix ; il avait trouvé. l’hospitalité auprès de saint Paulin, autrefois sénateur et poëte, maintenant retiré dans la solitude et voué au service de Dieu. Au moment du départ, Paulin adresse à son hôte des adieux poétiques, où l’on voit retracée avec complaisance l’image des Églises naissantes du Nord. « Tu traverseras sans effort les mers soumises la croix du salut armant l’antenne de ton navire, tu défieras les vents et les flots. Les joyeux matelots changeront en hymnes leurs chants accoutumés, et leurs voix pieuses entraîneront les brises favorables à leur suite. Avant tous, Nicétas entonnera le cantique du Christ avec l’éclat de la trompette, et David, psalmodié à deux choeurs, retentira d’un bout à l’autre des mers. Les bêtes des eaux tressailliront à l’amen des chrétiens, et les monstres, attentifs au chant du prêtre, se joueront autour du navire. –Oh ! qui me donnera les ailes de la colombe pour me mêler aux choeurs que tu formes à célébrer mon Dieu d’une voix qui va jusqu’au ciel ?– Les plages hyperboréennes te nomment leur père, le Scythe s’apaise à tes accents, et, infidèle à lui-même, il apprend de toi à dépouiller son humeur farouche. Les Gètes accourent, et avec eux les deux peuples des Da-