Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/345

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donne-moi donc la grâce, une foi droite et un bon vouloir, sagesse, prudence et force, pour résister aux démons, confondre le mal et accomplir ta volonté[1]… » Il est impossible de rendre plus énergiquement, d’un côté, le dogme de l’unité divine, la création, la séparation de l’intelligence et de la matière, et tous les points par où les esprits s’arrachaient du paganisme ; et, de l’autre côté, les terreurs de cette lutte, l’angoisse du danger, et le cri de l’homme enfin qui se sent faible, mais qui se souvient que Dieu est fort.

Mais l’Église ne se contentait pas d’introduire chez les barbares la prière solitaire, qui dissipait leurs doutes et rassurait leurs frayeurs. Comme l’éducation qu’elle prétendait leur donner était une

  1. Wessobrünner Gebel, apud Wackernaget (p. 67) et Noth.

    Dat gefregin ih mit firahim firiwizzo meista,
    Dat ero ni was noh ulhimil,
    Noh paum noh heinig : noh pereg ni was
    Ni... noh sunna ni scein,
    Noh mano ni liuhta, noh der mareo seo.
    Do dar niwtht ni was enteo ni wenteo,
    Enti do was der eino almahttico cot,
    Manno militisto ; enti dar warum auh manakè
    Mit inan cootlihhe geista.

    Cette prière présente plusieurs caractères d’une haute antiquité. Elle a le début épique du chant de Hildebrand et de Hadebrand. On y trouve, comme dans le poëme du jugement dernier (Muspilli), l’allitération au lieu de la rime, introduite de si bonne heure dans la poésie chrétienne. Ainsi dans le premier vers c’est la lettre f qui reparait trois fois, dans le troisième la lettre p revient deux fois, dans le quatrième la lettre s, etc.
    Voyez aussi, dans Noth, la prière à saint Pierre, et celle intitulée Augsburger Gebet, et, dans Wachernagel, la traduction du Te Deum et d’un hymne de saint Ambroise.