Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/394

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pour ainsi dire sous des traits ineffaçables cette heure de gloire qui avait vu la restauration de la chrétienté par l’alliance de l’Église et de l’État. Au milieu de la tribune à fond d’or, se détache la radieuse image du Christ debout sur le rocher d’où s’échappent les quatre fleuves, entouré des douze apôtres qu’il envoie aux nations: c’est l’institution de l’Église. Des deux côtés de l’arc qui surmonte la tribune, la fondation de l’État fait le sujet de deux scènes symboliques. À gauche, le Sauveur assis remet les clefs à l’apôtre saint Pierre, l’étendard à Constantin. Du côté droit, saint Pierre voit à ses genoux le pape Léon qui reçoit de lui l’étole, et le roi Charles qui reçoit l’étendard. La mosaïque de Léon III réalisait le pressentiment d’Adrien. Elle en conservait la mémoire aux siècles qui devaient survivre à la chute du nouvel empire. Mille ans se sont écoulés et la tribune dorée de Saint-Jean de Latran, mise à découvert par l’écroulement des voûtes du palais, brille encore au milieu des ruines qui font de cette place un des lieux les plus mélancoliques et les plus beaux de la terre[1].

  1. Eginhard, Vita Caroli , 28 ; et toutes les annales contemporaines. Les annales attribuées à Eginhard mentionnent expressément le concours du peuple à l’élection : « Ab omnibus et ab ipso pontifice, more antiquorum principum adoratum, atque omisso patricii nomine, imperatorem et Augustum appellatum fuisse. » Anastase, in Leone III, est encore plus précis : «  Et ab omnibus constitutus est imperator Romanorum. » Sur la mosaïque de Léon III, Ciampini, Vetera Monumenta, II, 127.