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plus personnelles comme celles des barbares, et différentes pour chaque peuple, mais universelles, et communes à tout l’Occident. D’un autre côté, il réclamait les prérogatives des empereurs chrétiens ; il se considérait plus que jamais comme l’évéque du dehors, l’avocat de l’Église, le protecteur des saints canons, responsable devant Dieu du salut des hommes. En repoussant la pourpre des Césars, il n’avait eu garde de mépriser les droits qu’elle portait dans ses plis[1].

L’idéal du saint-empire et sa réalité.

Ainsi fut constitué un pouvoir nouveau, où vinrent se confondre les trois sortes de monarchie dont nous avions vu l’effort successif pour se naturaliser chez les Francs. Il eut de l’Église le sacre, et la mission de réaliser le royaume de Dieu parmi les hommes : c’est pourquoi on l’appela le saint-empire. Il eut de Rome la tradition du gouvernement, et l’héritage des lois les plus sages qui furent jamais ; c’est pourquoi on l’appela le saint-empire romain. Mais il garda des barbares le génie belliqueux, un certain respect de l’indépendance personnelle, et la coutume de ne point faire de loi sans consulter la nation au moins dans l’assemblée de ses chefs : voilà pourquoi on l’appela le saint-empire romain de la nation germanique.

Ce grand dessein n’eut qu’un moment de réalité,

  1. Capitul. ann. 802, apud Pertz, t. 1 Legum, p. 91. Cf. Rettberg, Kirchengeschichte, t. I, p. 451. Les assemblées de 802, 804, 807, 809, 810, font voir Charlemagne préoccupé surtout des devoirs religieux que lui impose le titre impérial.