Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/417

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les exacteurs du fisc. Aussi, lorsque les officiers de Childebert II se présentèrent à Tours avec les rôles des contributions, l’évêque Grégoire leur déclarait que les anciens rois avaient tenté de soumettre le peuple de Tours à l’impôt, mais que, redoutant la puissance de saint. Martin, ils s’étaient désistés de leur entreprise et Childebert, mieux informé, ordonnait que, par respect pour saint Martin, le peuple de sa ville ne serait pas inscrit sur les rôles. Mais saint Martin ne veillait pas seul dans sa basilique de Tours saint Hilaire protégeait Poitiers, saint Remi ne permettait pas qu’on opprimât impunément les gens de Reims il n’y avait pas de grande ville qui n’eût le tombeau d’un saint pour monument de ses franchises, et un évêque pour les soutenir contre les prétentions des comtes et des usuriers juifs qui affermaient l’impôt. Ainsi commencent les immunités épiscopales, que le dixième siècle achèvera de constituer ; l’image du saint patron de la cité (Weichbild) marquera la ligne où finira la juridiction des seigneurs voisins[1].

  1. Gregor. Turon., IX, 30:« Respondimus dicentes « Descriptam urbem Turonicam Clothecarii regis tempore manifestum est, librique illi : ad preesentiam regis abierunt sed compuncto per timorem sancti Martinii antistitis rege, incensi sunt, » etc. Les exemples sont innombrables dans Grégoire de Tours et dans les Vies des saints. Ce sont les conseils de l'Eglise qui décident la reine Bathilde à réduire les impôts. L’évêque Desideratus était allé plus loin il avait décidé Théodebert non-seulement à remettre l’impôt aux habitants de Verdun, mais à leur prêter une somme d’argent, que le roi finit par leur abandonner.