Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/518

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Didon, et lui donne rang à la suite des Sibylles et parmi les précurseurs du christianisme. Nous connaissons la pratique de l’Église de Toulouse pour les livres des païens, qu’elle mettait à part, mais qu’elle ne brûlait pas. Si, au septième siècle, la poésie et la science des anciens ne sont pas sans périls pour la Gaule encore travaillée par les souvenirs du paganisme latin, elles ne peuvent rien de malfaisant sur des Irlandais, sur des Anglo-Saxons, à qui elles ne rappellent ni les dieux de leurs pays, ni les moeurs violentes de leurs pères. Et l’Église, qui n’ouvrait que d’une main timide ces pages séduisantes aux enfants des vieilles cités latines, les livrera sans scrupule à ces derniers venus des barbares.

Les lettres en Irlande.

La légende de saint Patrice rapporte qu’après trente ans de prédication, ayant désiré voir le fruit de ses travaux, il fut ravi en esprit, et se crut transporté au sommet d’une montagne d’où l’Irlande lui apparut tout en feu. Ce feu, qu’il avait allumé, était celui de la science autant que de la foi. Disciple de l’abbaye de Marmoutiers, au commencement du cinquième siècle, quand les monastères de la Gaule nourrissaient tant d’hommes savants, Patrice n’avait pas oublié de si grands exemples. En même temps qu’il fondait des églises, il en assurait la perpétuité en ouvrant des écoles : il avait confié celle de Sletty à un barde converti,