Il est temps de voir comment les traditions littéraires perpétuées en Italie et en Espagne, en Irlande et en Angleterre, se rapprochèrent sur cette terre des Francs qu’elles n’avaient jamais entièrement abandonnée, et comment toutes les provinces de l’Occident concoururent au grand ouvrage des écoles carlovingiennes.
Comment tous les peuples d’Occident concoururent à la restauration des lettres.- L’Italie.
L’Italie y travailla la première. En effet, si les Pères du concile de Rome en 680 s’excusent de ne pouvoir exceller dans l’éloquence profane, «menant a une vie pleine de douleurs et de sollicitudes au milieu des barbares, » ne nous hâtons pas de conclure que la conquête lombarde eût effacé les dernières traces de culture intellectuelle. Ce concile même témoigne que plusieurs évêques poussaient le goût des plaisirs d’esprit jusqu’à entretenir des joueurs de harpe, et jusqu’à se donner des spectacles de mimes, derniers restes du théâtre ancien. En même temps, la vigueur que porta l’Église d’Italie dans les deux grandes controverses du monothéisme et du culte des images, la délicatesse des questions métaphysiques qui s’agitèrent, les témoignages des Pères qu’on fit intervenir, attestent assez que la science théologique n’était pas éteinte. L’antiquité sacrée n’a peut-être rien de plus éloquent que les deux lettres de Grégoire II à Léon