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Lettres à Lull, archevêque de Mayence.

Le chroniqueur ajoute qu’Alcuin répondit tout. indigné: « Le créateur du ciel et de la terre n’en a eu que deux, et tu en veux douze ! » Mais si Charlemagne n’obtint pas les douze docteurs qu’il demandait, il avait reçu le don de suppléer à l’insuffisance des hommes par les institutions. Quand ce grand esprit, qui n’embrassait rien à demi, fut épris des lettres, il fallut qu’il les propageât. Il se mit à l’oeuvre, non pas avec le caprice et la violence de Chilpéric, imposant aux écoles son alphabet enrichi de quatre lettres, mais avec le bon sens, la mesure, la persévérance qui font triompher les desseins bienfaisants. Dès son premier voyage à Rome, il en avait ramené des maîtres. En même temps, il se souvenait des savants disciples que saint Boniface avait laissés, et il écrivait à Lull, archevêque de Mayence : « Au bienheureux évêque son père, Charles, se confiant aux secours du Christ. Tandis que vous veillez avec l’aide de Dieu à la conquête des âmes, nous trouvons très-surprenant que vous ne montriez aucun zèle à instruire votre clergé dans les lettres. Car vous voyez de toutes parts les ténèbres de l’ignorance se répandre parmi vos peuples et lorsque vous pourriez les éclairer du rayon de la science, vous souffrez qu’ils languissent dans la nuit. Il y a cependant deux clercs, l’un attaché à un évêque, l’autre à un abbé, que vous avez exercés aux arts libéraux, de telle sorte qu’il ne