Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/67

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sur le champ de bataille de Tolbiac. En y regardant de près, on voit un grand combat dans l’âme de ce barbare retenu par toutes les passions du paganisme, mais attiré par les lumières de la civilisation chrétienne. Les dieux dont il se croit descendu l’épouvantent ; il leur attribue la mort de son premier-né ; il hésite à les abandonner : pour ce Dieu nouveau, « pour ce Dieu désarmé, dit-il, et qui n’est pas de la race de Thor et d’Odin. » Il craint aussi son peuple, dont il veut s’assurer le consentement. Sans doute la soumission des Gaules, promise comme le prix de son abjuration, le touche, et le péril de Tolbiac le décide. Cependant, il ne faut pas oublier ces entretiens avec Clotilde, ces controverses théologiques dont Grégoire de Tours altère probablement les termes, mais dont il atteste l’opiniâtreté. Il faut tenir compte du témoignage de Nicétius de Trèves, lorsque, s’adressant à une petite-fille de Clovis, il lui écrit « Vous avez appris de votre aïeule Clotilde, d’heureuse mémoire, comment elle attira a la foi le seigneur son époux, et comment celui-ci, qui était un homme très-habile (homo astutissimus), ne voulut pas se rendre avant de s’être convaincu de la vérité. »

Les Francs

entrent au service

du Christianisme

Les Francs se rendirent, comme lui, à

la persuasion, à la parole. Le christianisme, maître de leurs convictions, trouva de longues résistances dans leurs mœurs ; mais il devint le principe bien ou mal compris de leur droit public. Ils mi-