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gloire de Dieu du moins une partie des talents que nous avons reçus. » Voici les premiers vers de la traduction, où la candeur de l’original disparait un peu sous la pompe accoutumée du dix-septième siècle  :[1]

Accepte notre hommage et souffre nos louanges
Lis tout céleste en pureté,
Rose d’immortelle beauté,
Vierge, mère de l’humble et maitresse des anges
Tabernacle vivant du Dieu de l’univers,
Contre le dur assaut de tant de maux divers,
Donne-nous de la force, et prête-nous ton aide ;
Et jusqu’en ce vallon de pleurs
Fais-en du haut du ciel descendre le remède,
Toi qui sais excuser les fautes des pécheurs.

On a beaucoup exagéré la rupture qui se fit entre le moyen âge et la Renaissance. Le siècle de Louis XIV, dans sa première moitié, la plus saine et la plus vigoureuse, tient encore au passé par des racines qu’on a trop peu connues. Pendant que ma -

  1. Voici le texte latin dans toute sa simplicité :

    Ave, cœleste lilium  !
    Ave rosa speciosa !
    Ave, mater humiliunt,
    Superis imperiosa
    Deitatis triclinium !
    Hac in valle lacrymarum
    Da robur, fer auxilium ~,
    O excusatrix culparum !

    Du reste, les critiques qui effacent cette pièce du recueil des

    œuvres de saint Bonaventure ne laissent pas de lui attribuer une autre composition mêlée de prose et de vers syllabiques rimés, sous ce titre Corona B. Mariae Virginis. On y trouve des strophes qui ne manquent pas de grâce et d’harmonie.