Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/124

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en tire. « Mieux vaudrait au méchant être mort mille fois que de vivre une seule heure ; car il n’a ni parent ni proche. ami qui le puisse aider. Le fils rencontre le père, et maintes fois ils se querellent. Père, dit le fils, que te Seigneur qui porte couronne au ciel te maudisse dans ton corps et dans ton âme ! Car tant que je fus au monde tu ne me châtias point, mais tu m’encourageas dans le mal. Et je me rappelle encore comment tu me poursuivais le bâton au poing, si je manquais de tromper le voisin et l’ami de la maison. » Le père lui répond « Fils maudit, c’est pour t’avoir voulu trop de bien que je me vois en ce lieu. Pour toi j’ai abandonné Dieu, m’enrichissant de rapines, d’usures et de maltôtes. Nuit et jour j’endurais de grandes peines pour acquérir les châteaux, les tours et les palais, les coteaux et les plaines, les bois et les vignes, afin que tu fusses K plus à l’aise. Mon beau doux fils, que le ciel te maudisse ! car je ne me souvenais pas des pauvres de Dieu, qui mouraient de faim et de soif dans les rues ! » En même temps les deux réprouvés se précipitent l’un sur l’autre comme pour se donner la mort ; et, s’ils pouvaient en venir aux dents, ils se mangeraient le cœur dans la poitrine.»

Rien ne peut ajouter à l’horreur du dernier trait. Le poëte se fait tout pardonner par cet éclat foudroyant contre les méchants de son siècle, par ce