Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/142

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dans , avec une sereine perspective de l’éternité. Chaque année, au jour de Noël, on dresse dans l’église un simulacre de l’étable de Bethléem. Là, à la clarté de mille cierges, on voit sur la paille de la crèche l’image d’un nouveau-né ; Un enfant, à qui l’usage permet en ce jour de prendre la parole dans le lieu saint, prêche la foule, et la convie à aimer, à imiter l’Enfant-Dieu, pendant que les pifferari venus des montagnes du Latium donnent, avec leurs cornemuses, de joyeuses sérénades aux madones du voisinage. L’étranger, peu accoutumé à la naïveté de ces fêtes, se retire peut-être en haussant les épaules ; mais l’ami des vieilles légendes, en rentrant chez lui, ouvre l’histoire de saint François par saint Bonaventure, c’est là qu’il retrouve dans un court passage l’origine de la crèche d ’ Ara Coeli, et comme une racine de plus de cette poésie populaire, de cette plante tenace que six siècles n’ont pu arracher. « Il arriva que, la troisième année avant sa mort, saint François, pour réveiller la piété publique, voulut célébrer la Nativité de l’enfant Jésus avec toute la solennité possible, dans le bourg de Greccio. Ayant donc obtenu du Souverain Pontife la licence nécessaire, il fit préparer une crèche, apporter, la paille, amener un bœuf et un âne. Les Frères sont convoqués, le peuple accourt ; la forêt retentit de cantiques, et cette nuit vénérable devient toute mélodieuse de chants, toute resplendissante de lumières. L’homme de Dieu se tenait devant