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fait le Christ prisonnier en la personne de son vicaire[1] .

Jacopone fut absous de l’excommunication quand Benoît XI, successeur de Boniface, par une bulle datée du 23 décembre 1505, leva les peines prononcées contre les Colonna et leurs adhérents. Il trouva dans le couvent des Frères Mineurs, à Collazone, le repos de ses dernières années. C’est là qu’on aime à voir le vieil athlète désarmé, et ce caractère impétueux, capable encore de tendresse, non-seulement pour Dieu, mais pour les hommes. Une amitié très-douce l’attachait à frère Jean de l’Alvernia, en qui semblait revivre l’âme de saint François. Un jour qu’il le savait pris d’une fièvre quarte, abattu de corps et d’esprit, il lui adressa des vers et un présent. Les vers exhortaient frère

  1. Dante, Purgat. ; XX

    Veggio in Alagna entrarto fiordaliso,
    E nel vicario suo Cristo esser catto.

    Wadding, Walsingham, ad ann. 1305. Le cardinal de Saint-Georges décrit ainsi les derniers moments de Boniface

    ...Lecto prostratus anhelans
    Procubuit, fassusque fidem, veramque professus
    Romanœ Ecclesiae, Christo dum redditur almus
    Spiritus, et divi nescit jam Judicis iram.

    Le procès fait à la mémoire de Boniface VIII devant le concile de Vienne, prouve qu’il récita les articles de foi en présence de huit cardinaux. Devant ces témoignages, comment Sismondi, et après lui M. Michelet, ont-ils eu le courage de répéter sur la mort de Boniface les récits calomnieux de ses ennemis ? Il ne manque, en vérité, que d’ajouter, avec Ferretus de Vicence, les tonnerres, les foudres, et la troupe de diables, sous la forme d’oiseaux noirs, « venant chercher l’âme de ce Pharaon.. »