et, après avoir fleuri, elle retombe comme dans un fonds inépuisable qu’elle enrichit de sa poussière. Je voudrais sonder ce fonds, et creuser jusqu’aux premières sources de sa fécondité.
Le peuple italien commence aux catacombes. C’est là qu’il faut descendre pour trouver les origines de tout ce qui doit devenir grand. J’y vois déjà le peuple dans le sens moderne qu’on donne à ce mot, en comprenant les femmes, les enfants, les faibles et les petits, ce que les historiens anciens méprisaient, ce dont ils ne tenaient point de compte. J’y vois un peuple nouveau, mêlé d’étrangers, d’esclaves, d’affranchis, de barbares, animé d’un esprit qui n’est plus celui de l’antiquité. Cette société a donc une pensée qu’elle veut produire, mais une pensée trop abondante, trop émue, trop neuve, pour que la parole lui suffise : il y faut le concours de tous les arts. Dans ce premier état la poésie n’est pas encore distincte, précise, revêtue de la forme qu’elle cherche. Mais elle est partout, dans l’architecture, dans la peinture, dans la sculpture, dans les inscriptions, puisqu’il y a partout symbolisme, langage figuré, effort pour faire reluire la pensée sous l’image, et l’idéal sous le réel.
Il faut se représenter les catacombes comme de longues galeries souterraines dont le réseau s’étend au loin sous les faubourgs et sous la campagne de Rome. Gardons-nous de les confondre avec les spacieuses carrières ouvertes pour bâtir la ville païenne :