Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/207

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part de la Justice et de la Miséricorde. Les sept Vertus s’attachent aux sept Sacrements, et les sept Dons sont venus célébrer leurs noces avec les Vertus. De leur union naîtront les sept Béatitudes. « La paix est rentrée dans le cœur de l’homme ; et maintenant, conclut le poëte, prions la Trinité souveraine qu’elle nous pardonne nos péchés. » Je ne pense pas exagérer le mérite de cette composition, en y louant la naïveté, le mouvement et la vie. Les allégories que le poëte met en œuvre n’ont rien que de conforme aux traditions de l’art chrétien. Dès le quatrième siècle, Prudence, célébrant dans sa Psychomachie le combat des Vertus et des Vices, avait personnifié la Foi et l’Idolâtrie, la Pudeur et la Volupté, la Patience et la Colère. Trois cents ans après Jacopone, Calderon animera la scène de ses Auto sacramentales, en y jetant des personnages allégoriques avec ceux de l’histoire, Adam et le Christ avec l’Entendement et la Volonté, David et Abigaïl avec la Chasteté et la Luxure[1]. La Peinture n’avait pas d’autres règles et quand Taddeo Gaddi, à Florence, dans l’admirable chapelle des Espagnols, voulut représenter le triomphe de saint Thomas d’Aquin, il fit d’abord asseoir le saint docteur sur une chaire élevée, entourée d’anges, de prophètes et d’évangélistes ; mais il peignit au-dessous quatorze femmes d’une grande

  1. Calderon, la Nave del Mercader, la primer flor del Carmelo.