Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/248

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de la docilité ; les oiseaux écoutent la parole qui doit pacifier les nations. Le tombeau rend ses morts pour achever la conversion des vivants. Le monde invisible n’a plus de mystères ; et s’il faut raffermir la confiance d’un pauvre larron pénitent, les portes du ciel s’ouvriront, et lui laisseront voir les saints tout couronnés d’étoiles.

Mais le livre des Petites Fleurs de saint François est écrit en prose, et il a ce point de commun avec tant de poëmes du moyen âge écrits d’abord en vers pour le plaisir des grands, mais qui ont fini par trouver en prose une forme plus populaire et plus durable. Je ne citerai que les Reali di Francia, dernière rédaction des chansons de geste destinées à célébrer Charlemagne, sa famille et ses preux. Tandis que le monde lettré se lassait de ces belles histoires, elles se sont réfugiées dans un texte prosaïque, sous la forme d’un livre obscur qui se vend aux foires, qui se lit aux veillées de paysans, et qui les entretient de bons sentiments et des grandes actions. Il en fut de même des Fioretti, mais avec toute la supériorité d’un style marqué au cachet du quatorzième siècle. C’est assez d’ornement, et l’on peut ajouter que les pompes de la poésie eussent mal convenu à l’épopée des pauvres. Comme le bienheureux Angelico de Fiesole, chargé de peindre le couvent de Saint-Marc à Florence, pensa que la pauvreté religieuse n’admettait pas la richesse du coloris, et, réservant à la décoration des églises