Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/250

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temps sur elles la dureté des lois romaines ? Lorsque s’entretenant avec frère Léon, et demandant où est la joie parfaite, il ne la trouve ni dans la science, ni dans la prédication, ni dans les miracles, mais dans le pardon des injures, il met la main sur la plaie de cette nation italienne, si inspirée, si éloquente, qui sut tout, excepté pardonner, et qui devait périr par ses discordes. Vous souriez au récit de la paix que fit le saint entre la ville de Gubbio et le loup de la montagne voisine, et vous n’apercevez pas une admirable leçon de charité donnée aux justes en faveur des pauvres pécheurs. Vous ne voyez pas que le loup voleur et homicide, mais docile après tout, qui pose sa patte dans la main de saint François, et qui tient sa promesse de ne faire mal à personne, représente bien le peuple du moyen âge, terrible dans ses emportements, mais de qui l’Église ne désespère pas, dont elle prit la main meurtrière dans ses mains divines, jusqu’à ce qu’elle lui eût inspiré cette horreur du sang, le plus beau et le plus incontestable caractère des mœurs modernes.