très-affamés, ils allèrent, selon la règle, mendier du pain pour l’amour de Dieu et saint François alla par une rue, et frère Masséo par une autre. Mais comme saint François était un homme de trop chétive apparence et petit de corps, et que par ce motif ceux qui ne le connaissaient pas le prenaient pour un misérable, on ne lui donnait rien, sinon quelques bouchées et quelques restes de pain sec mais parce que frère Masséo était grand et beau de corps, on lui donna de bons morceaux en très-grande quantité, et des pains entiers. Lorsqu’ils eurent mendié, ils se rejoignirent hors de la ville pour manger dans un lieu où était une belle et large pierre, sur laquelle chacun posa toutes les aumônes qu’il avait quêtées. Saint François, voyant que les morceaux de pain de frère Masséo étaient plus nombreux et plus gros que les siens, fit une très-grande exclamation de joie, et dit ainsi : « Ô frère Masséo, nous ne sommes pas dignes d’un si grand trésor ! » Et comme il répétait ces paroles plusieurs fois, frère Masséo lui répondit : « Père, comment peux- tu parler de trésor là où il y a tant de pauvreté, et où manquent toutes les choses nécessaires ? Je ne vois ici ni nappe, ni couteau, ni écuelle, ni maison, ni table, ni serviteur, ni servante. » Et saint François lui dit : « C’est là même ce que je compte pour un grand trésor, puisque rien ici n’est préparé par l’industrie humaine, mais tout nous est donné par la Providence divine, ainsi
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