Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/302

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l’Ordre, il lui fallut passer devant l’autel du couvent et en passant, selon l’usage, il s’agenouilla, se prosterna contre terre, et subitement il fut ravi en esprit, et Dieu lui montra une merveilleuse vision. Car il vit devant lui comme une multitude infinie de saints, rangés en procession deux à deux, vêtus de très-beaux et précieux vêtements d’étoffes riches ; leur visage et leurs mains resplendissaient’ comme le soleil ; ils marchaient avec des chants, au son des instruments des anges. Et entre ces saints il y en avait deux plus noblement vêtus et plus ornés que tous les autres ; ils étaient entourés de tant de clarté, qu’ils causaient un grand éblouissement à qui les regardait et presque à la fin de la procession il en vint un couvert de tant de gloire, qu’on l’aurait pris pour un chevalier nouvellement reçu, et plus honoré que les autres. Or, le jeune homme, voyant cette vision, s’émerveillait, et ne savait ce qu’une telle procession voulait dire, et il n’était pas assez hardi pour le demander ; il restait donc comme ébloui de plaisir. Cependant, toute la procession étant passée, à la fin il prit courage, et, courant droit aux derniers, il leur demanda, avec une grande crainte : «  Ô mes très- chers je vous prie qu’il vous plaise de me dire qui sont ces personnages merveilleux qui forment une procession si vénérable ? » Et ceux-ci répondirent : « Sache, mon fils, que nous sommes tous frères Mineurs, qui venons ; à présent, de la