Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/312

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devant le soudan. Et quand saint François se trouva en sa présence, instruit par l’Esprit-Saint, il prêcha si divinement la foi du Christ, que même pour la prouver il voulait entrer dans le feu. A raison de quoi le soudan se prit à ressentir une grande dévotion pour lui, soit à cause de sa constance dans la foi, soit à cause du mépris qu’il lui voyait faire du monde (car, bien que très-pauvre, le saint ne voulut recevoir de lui aucun présent), soit enfin à cause de l’ardeur qu’il lui voyait pour le martyre, Dès lors le soudan l’écouta volontiers, et le pria de revenir souvent, lui octroyant, à lui et à ses compagnons, la liberté de prêcher où ils voudraient et il leur donna un signe de sa protection, grâce auquel personne ne put les offenser…

A la fin saint François, voyant qu’il ne pouvait plus faire de fruit dans ces contrées, se décida par révélation divine à retourner chez les fidèles avec ses compagnons. Les ayant donc réunis tous ensemble, il se rendit auprès du soudan, et prit congé de lui. Alors le soudan lui dit : « Frère François, je me convertirais volontiers à la foi du Christ ; mais je crains de le faire à cette heure, parce que si ce peuple le savait, il nous tuerait toi et moi, avec tous ceux qui t’accompagnent. Et, attendu que tu peux faire encore beaucoup de bien, et que j’ai à dépêcher certaines affaires d’une grande importance, je ne veux pas maintenant causer ma mort et la tienne. »