Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pousser des ailes, et il attendit longtemps, jusqu’à ce qu’elles fussent assez grandes or il lui parut qu’entre la première, la seconde et la troisième pousse d’ailes, il s’était bien passé cent cinquante ans, ou plus.

A la fin il se leva pour la troisième fois, et de tout son effort il prit son vol, et il vola en haut jusqu’au lieu où l’ange s’était posé. Et, comme il frappait à la porte du palais dans lequel l’ange était entré, le portier lui demanda : « Qui es-tu pour « venir ici ? » Il répondit : « Je suis frère Mineur. » Le portier dit : « Attends-moi, car je vais amener saint François pour voir s’il te connaît. » Le portier étant allé quérir saint François, le frère se mit à regarder les murs merveilleux de ce palais, et ces murs paraissaient si lumineux et si transparents, que l’on voyait clairement les chœurs des saints et tout ce qui s’y passait. Et pendant qu’il était ravi à cette vue, voici venir saint François, frère Bernard et frère Gilles, et après eux les saints et les saintes qui avaient suivi la même vie, en si grande multitude qu’ils paraissaient presque innombrables. Et, en arrivant, saint François dit au portier : « Laisse-le entrer, parce qu’il est de mes frères. » Aussitôt qu’il fut entré, il sentit tant de consolation, tant de douceur, qu’il oublia toutes les tribulations qu’il avait eues, comme si jamais elles n’eussent été. Alors saint François, le menant plus avant, lui montra beaucoup de choses merveil-