Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/330

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sidérant leur grande ferveur, les reçut avec allégresse, en disant « Toi, Pellegrino, tu garderas dans l’Ordre la voie de l’humilité et toi, frère Rénier, tu serviras les frères» Et il en fut ainsi ; car frère Pellegrino ne voulut jamais être traité comme clerc, mais comme laïque, bien qu’il fut très-lettre et grand décrétaliste. Par cette humilité, il parvint à une rare perfection de vertu ; tellement que frère Bernard, le premier-né de saint Françoise disait de lui que c’était un des plus parfaits religieux de ce monde. Finalement, ledit frère Pellegrino, plein de vertus, passa de cette vie à la vie bienheureuse : il fit beaucoup de miracles avant et après sa mort.

Or frère Rénier servait les frères dévotement et fidèlement, vivant en grande sainteté et humilité, et devint très-familier avec saint François et saint François lui révéla beaucoup de secrets. Etant fait ensuite ministre de la province de la Marche d’Ancône, il la gouverna pendant longtemps avec une grande sagesse et une grande paix puis, au bout de quelque temps,.Dieu lui envoya une violente tentation dans l’âme, qui le remplissait de tribulations et d’angoisses. Il se mortifiait fortement par des jeûnes ; des disciplines, des larmes et des prières, le jour et la nuit ; et cependant il ne pouvait chasser cette tentation. Mais souvent il était en grand désespoir, parce qu’il se croyait abandonné de Dieu. Dans ce désespoir, il résolut, pour dernier