Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/401

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trent la montagne de l’enfer, dont le sommet volcanique domine l’Océan : de noirs forgerons l’habitent-, et leurs marteaux retombent nuit et jour sur les enclumes où se tordent-les réprouvés.. Dans ces parages funestes, Judas seul, au milieu des eaux, jouit du repos hebdomadaire que la mansuétude infinie : du Christ lui accorda..Le passage de saint Brendan prolonge d’un jour cette suspension de souffrances[1]. Il s’éloigne ensuite ; et, lorsqu’il a salué l’ermite Paul,. retiré depuis près d’un siècle dans une île solitaire, il aborde au rivage désiré. Là fut jadis le paradis terrestre, désert maintenant, mais destiné à devenir un jour l’asile des chrétiens, quand recommencera le temps des persécutions. Ainsi l’a prédit un ange du ciel, qui, renvoie dans leur patrie les miraculeux voyageurs [2].

  1. « Je suis, fait-il, li fel Judas.
    por paor del Sauveour
    Ci sui.au dimence en l’.onor
    De la miséricorde Crist
    C’au dimence surrexit»

    Rien de plus touchant que ce. pardon partiel, le seul que Dieu puisse accorder aux réprouvés. On y reconnait les habitudes de douceur que la religion introduisait dans la société moderne. Où pouvait s’arrêter une pitié qui descendait jusqu’à Judas ?

  2. La terre voient plaine tempre,
    Les pummiers si cum en septembre,
    Environ prisent à aller
    C’ aine nuit ni visent fors jor clerc.

    Les navigateurs espagnols ont longtemps cherché l’île de Saint Brendan. Elle est comprise au traite d’Evora dans la cession faite par la couronne de Portugal à. celle de Castille. Voyez Ferdinand