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il est longtemps resté dans les entretiens, dans les souvenirs des hommes. La poésie est la fleur la tradition est la tige elle est longue et délicate ; il faut la dégager lentement, avec patience, si l’on veut aller jusqu’aux racines.

En présence du nombre infini de visions de la vie future qui remplissent les chroniques et les légendes, je vois d’abord l’impuissance où je suis de tout étudier et de tout connaître. Il me suffit de montrer l’extrême richesse de cette littérature du monde invisible, quelle place elle tenait dans la bibliothèque des hommes du treizième siècle, quelles images elle devait laisser chez un grand esprit comme Dante, avec la passion de tout lire et le don de ne rien oublier.

Je remarque premièrement les livres qui étaient dans le patrimoine commun de la chrétienté, que toutes les abbayes faisaient copier pour l’usage de leurs moines ; et je n’en trouve pas de plus célèbres que les Vies des saints. Dès le septième siècle, un décret du pape Gélase avait mis les Vies des Pères au rang des écrits que l’Eglise reçoit avec honneur Cassiore en recommandait l’étude saint Benoît les nommait parmi les lectures que les religieux devaient entendre chaque jour, à la suite du repas[1]. De la ce grand nombre de collections,

  1. Gelasius papa, apud Gratiani decretum dist. xv, cap. Sancta Ecclesia . «Vitas Patrum, Antonii, Pauli, Hilarionis, et omnium eremitarum, quas tamen vir beatus scripsit Hieronymus, cum omni