Aller au contenu

Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/432

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fut porté dans la région des saints, et deux d’entre eux lui annoncèrent les maux prêts à fondre sur le monde, à cause des péchés des rois, des docteurs et des moines. Mais quand il lui fut ordonné de revenir à la vie, l’âme, toute frémissante encore des spectacles éternels, ne rentra qu’en gémissant dans ce corps grossier qu’elle ne reconnaissait plus[1]. Les monastères de la Grande-Bretagne rivalisent avec ceux de l’île voisine. On trouve, chez Vincent de Beauvais, la vision d’un jeune Cistercien anglais transporté au ciel en 1153 et vers le même temps (1143-1147), l’histoire d’un enfant qui vit le purgatoire, l’enfer, le paradis, et qui reconnut au milieu de la gloire céleste le jeune William, crucifié par les juifs de Norwich. Matthieu Pâris raconte deux voyages aux enfers : celui du moine d’Évesham, en 1196, qui vit les trois lieux de punition et les trois lieux de récompense ; et celui de Thurcill, en 1206, sous la conduite de saint Julien l’Hospitalier. J’y remarque la belle apparition du vieil Adam couché à terre à l’ombre d’un grand arbre, et couvert d’un vêtement qui ne descendait pas jusqu’aux pieds. Et il fut dit à Thurcill que ce vêtement était la robe d’immortalité dont le premier père fut dépouillé après sa faute mais chacun des saints qui sortent de sa race lui en rend un lambeau, et quand elle

  1. Ampère, Hist. littéraire de la France, III, p. 115. Mabillon, Acta SS. Ord. S. Benedicti, saec. II, p. 307. Wright, S. Patricks Purgatory, p. 9.