Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/470

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de là cette touchante séquence longtemps chantée dans l’église de Mantoue, où saint Paul était représenté visitant le tombeau du poëte à Naples, et pleurant d’être venu trop tard pour lui[1]. L’enthousiasme poétique du treizième siècle avait ses excès mais il arrivait au même but que l’érudition laborieuse de la Renaissance ; c’est-à-dire à faire lire, aimer, conserver les anciens, en attendant qu’on les comprît.

Dante pensa comme son siècle l’estime qu’il faisait de l’antiquité se montre au quatrième chant de la Divine Comédie, où il place, à l’entrée de l’enfer, un lieu lumineux et pur, une sorte d’Elysée, habité par les grands esprits du paganisme. C’est là qu’il trouve Homère et les poëtes, Aristote et les philosophes[2]. Il se plaît dans la société de ces

  1. Sur l'Histoire populaire de Virgile au moyen âge, voyez Görres Volksbücher ; et l’analyse du livre hollandais intitulé Eene schone Historie von Vigilius, von zijn-leven, doot, ende van zijn wonderlike werken di hj deede by Nigromantien, ende by dat Behulpe des Duyvels, Amsterdam, 1552. Boccace, Comento sopra Dante, canto 1, in fine. Nous avons vu Virgile dans les drames des Vierges sages et des Vierges folles on le retrouve jusqu’en Espagne dans la vieille romance de Vergilios.
  2. Inferno, IV, 39 : In luogo aperto, luminoso e alto. Cette doctrine s’accorde à peu près avec celle de saint Anselme, de Guillaume de Paris, de Cajetan,.de Salmeron, de Cornélius à Lapide, qui destinent les âmes reléguées dans les limbes à revenir peupler, après le dernier jugement, la terre régénérée et revêtue de sa beauté première. Voyez le commentaire de Tirinus, sur le chapitre III de la 2° épitre de saint Pierre. Voyez aussi saint Thomas, in Sentent., lib. II, dist. 33 ; quaest. 2, art. 2 « Utrum animas cum sola originali culpa decedentes affligantur poena ignis ? » Il résout la question négativement.