Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rore , le gardien de l’église ouvrant la porte trouve cet étranger, et lui indique un monastère où l’on est en quête d’un chapelain. Alexandre y offre ses services et y trouve l’hospitalité. C’est là qu’il vécut dans la sainte pauvreté, portant un manteau percé, oublié du monde, et content de son sort.

Le poëte prolonge durant quatorze ans la retraite d’Alexandre III. Au bout de ce temps, il arrive qu’un étranger passant à Venise s’agenouille dans l’église où Alexandre, ignoré de tous, disait la messe ; il reconnaît le prétendu chapelain : il va déclarer au doge Sébastien Ziani, et au grand conseil, assemblé quel hôte illustre leur ville a reçu. Ici la narration prend un tour bien noble et tout à fait épique. Alors le doge ordonne de tailler aussitôt un manteau papàl. La seigneurie et le clergé sont convoqués ; le doge, à leur tête, monte enbarque, et se rend en pompe au couvent ; il ordonne que les religieux défilent un à un devant lui. Les moines, troublés d’une telle visite, descendent et passent en tremblant. Alexandre vient le dernier de tous ; et voilà que le doge, la seigneurie et le clergé tombent à genoux devant lui, le revêtent du manteau papal et demandent sa bénédiction. On le conduit processionnellement à Saint-Marc ; puis, montant l’escalier de marbre du palais, il va prendre place au festin, et termine la fête en bénissant. le peuple.