Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/482

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faisait la guerre par le feu, comme lui par le sarcasme[1].

Les hommes de ce temps se croiront heureux quand ils auront mis sous leurs pieds les craintes de l’avare Achéron. Mais, s’ils ont banni l’enfer, ils n’ont pas chassé les morts. Cette sombre figure est de toutes leurs-fêtes. Rien ne saurait les en distraire, ni les roses qui se fanent, ni les coupes qui se vident, ni les chants qui s’éteignent. Ces tristes joies ne dédommagent pas l’homme de l’espoir perdu d’une vie future : il faudra qu’il le retrouve quelque part. Quand Juvénal se moquera des grenouilles du Styx, les martyrs commenceront à mourir pour le royaume du ciel.

3. Mais les Muses latines n’étaient guère que de belles captives trouvées dans le butin de Tarente et de Corinthe, et qui se souvinrent toujours de la Grèce. C’était sur le territoire des colonies ioniennes, auprès de Naples, au bord de l’Averne, que Virgile avait cherché son Enfer. Les images du monde invisible plaisaient aux Grecs : elles ornaient leurs coupes, elles couvraient les murs de leurs palais et de leurs temples. La descente aux Enfers fait le sujet de plusieurs bas-reliefs que nous admirons encore. Attale, roi de Pergame ; avait donné

  1. Horace, Satir. II, 5

    O Laertiade, quidquid dicam aut erit aut non
    Divinare etenim mihi magnus donat Apollo :