Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/484

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tion comique perçait dans ce récit, rien au contraire n’était plus solennel que l’évocation de l’ombre de Darius dans les Perses ; et lorsque, à la première représentation des Euménides, le spectre de Clytemnestre parut entouré de soixante Furies, telle fut l’épouvante de l’assemblée, qu’il fallut rendre un décret pour réduire à quinze les personnages du chœur. Mais on ne songea point à interdire la mise en scène des régions infernales Aristote, en distinguant quatre sortes de tragédies, place au quatrième rang celles dont l’action est aux Enfers[1]. Les hommes d’alors, comme ceux de tous les temps, voulaient qu’on les effrayât. C’est là un signe du désordre de la nature humaine, qu’elle aime ce qui la trouble ; et que des peuples belliqueux se soient construit des théâtres de marbre pour y aller pleurer aux jours de fête, et chercher sur une scène des sujets d’effroi et de douleur, comme s’il en manquait autour d’eux.

Mais toutes les grandes fables du drame grec descendaient des traditions nationales transmises de bouche en bouche dans les collèges des prêtres, dans les familles guerrières, chantées par le peuple, et mises en œuvre par les poëtes qu’on appela cycliques. Tels étaient les travaux d’Hercule, qu’avaient célébrés Hésiode, Pannyasis et Pisandre : les douze épreuves du demi-dieu s’y terminaient

  1. Aristote, Poetic., 16. Klausen, Aeschyli theologoumena.