Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/488

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brille dans l’oracle de Tirésias, pour éclairer d’une lumière toujours plus vive le retour du héros sous le toit de ses pères[1] . D’un autre côté, l’entretien d’Ulysse et des morts donnait place aux événements que l’Iliade n’a pu contenir, en faisant connaître la fin d’Achille, d’Ajax, d’Agamemnon. Mais, de ces hommes redoutés, il ne reste plus que de pâles ombres regrettant la vie, tandis qu’au milieu d’elles le fils de Laërte paraît plein de force, vainqueur des dangers, maître de sa fortune. En sorte qu’on peut découvrir ici le nœud des deux poëmes homériques : la fin d’un âge héroïque où la force était maîtresse, le commencement d’une ère nouvelle où l’intelligence régnera[2]. Mais l’évocation d’Ulysse ne s’arrête pas aux victimes du siège de Troie ; on y voit paraître les femmes célèbres pour avoir partagé la couche des dieux, et ces personnages qui sortent de la condition des hommes, Thésée, Hercule, Orion, et tout l’appareil des jugements divins. Il semble qu’Homère ait voulu élargir une

  1. Eustathe, ad Odyss., Ὁ δε Ὁμερικὸς νοῦς τοῦ τὸν Ὀδυσσεα εῖς ᾃδου ἒλθειν μέθοδος εστι τῶν εφεξῆς δηλωθησομενων μύθων
  2. Eustathe, ad Odyss. Αναπληρων τε απερ τῇ Ἰλιαδὶ ἐλλέλειπται. Je ne prétends pas résoudre la question longtemps controversée, si l’Iliade et l’Odyssée sont du même auteur : il suffit qu’elles soient de la même école poétique. Mais j’avoue que je ne vois point dans le onzième livre de l’Odyssée les interpolations et le désordre qu’on y suppose. Je penche même à croire que l’énumération des héroïnes n’y est pas insérée sans dessein, et qu’elle faisait une partie nécessaire de l’épisode, puisque je la vois reproduite dans le Culex, imitée dans les Lugentes campi de l’Énéide et dans l’Enfer de Silius Italicus. Je m’explique moins la seconde description des enfers au chant XXIV de l’Odyssée.