Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/499

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ἐne sait rien, et qu’il lui importe absolument de connaître, puisque de sa destinée éternelle dépend toute sa conduite dans le temps. De là cette crainte de la mort qui troubla les peuples païens ; ces litanies où les Indiens célèbrent un dieu destructeur « La terre est à vos pieds, l’atmosphère est votre ceinture. Vous êtes celui qui donne et qui retire, qui fait et qui défait. Vous attirez tout en vous pour tout détruire le monde n’est qu’une bouchée de votre festin, et c’est pourquoi on vous nomme Celui qui mange[1].» Athènes et Rome ont aussi des divinités souterraines, mais on évite d’en prononcer le nom, ou bien on leur en donne un de bon augure qui les touche et qui les flatte : les Furies sont appelées Euménides, c’est-à-dire bienveillantes. Plus les philosophes dissertent sur le mépris de la mort, plus je vois que les hommes la redoutent. Et je ne m’en étonne pas quand je considère Socrate hésitant sur l’immortalité, Épicure épuisant son éloquence à prouver le néant, et Cicéron, entouré de toute la science des anciens, balançant les deux partis, sans prendre sur lui de conclure[2]. Rien n’est triste comme ce premier livre des Tusculanes, où, après avoir établi que

  1. Oupneck’hat, t.II, p. 17 et 19.
  2. Cicéron, Tusculanes, Ι. Il faut rappeler aussi cet ineffaçable texte dé Platon, ce grand acte d’humilité du plus grand génie philosophique qui fut jamais Alcibiades, I Αναγκαῖον οὗν ἐστι περιμένειν ὥσ ἄν τισ μάθῃ ῶσ δεῖ πρὸς θεοὺς καὶ πρὸς ανθρῶπούς διακείσθαι<