esprits. Le pape Grégoire IX mit le mort au nombre des saints, et décida que le lieu de son repos s’appellerait la colline — du Paradis. Dès lors il n’y eut plus d’honneurs trop grands pour ce pauvre les peuples se souvinrent de son amour, et voulurent lui rendre plus qu’il n’avait quitté pour eux. Et, comme il n’avait eu ni toit ni serviteur, il fallut qu’on lui bâtît une demeure magnifique comme le palais qu’il avait rêvé dans sa jeunesse, qu’il vît entrer à son service tout ce qu’il y avait d’ouvriers excellents dans les arts chrétiens. Ordinairement, le Catholicisme pense avoir assez fait pour ses saints en plaçant leur châsse sur un autel, dans une église qui prend leur nom. Pour le pauvre d’Assise, on dut premièrement creuser le roc à des profondeurs inusitées, afin de dérober le corps au péril de ces vols de reliques si fréquents au moyen âge. Sur la tombe on dut ériger une première basilique pour recevoir la foule des pèlerins, et au-dessus de celle-ci en construire une seconde qui portât la prière plus près du ciel. Un architecte du Nord, Jacques l’Allemand, vint élever ce double édifice ; il y mit toutes les ressources de l’art gothique, toutes les traditions du symbolisme chrétien. Il fit de la basilique Inférieure une nef solide, mais sans ornement, avec des arcades surbaissées et des ouvertures qui n’admettent qu’un jour douteux, comme pour rappeler la vie pénitente de saint François sur la terre. Il fit l’église supérieure avec des murs légers, des
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