former le port du Passage. Quand l’Espagne régénérée aura reconstruit ses flottes, elles trouveront un abri sûr dans ce Gibraltar du Nord. Voici le riche village de Renteria, et des vergers de pommiers dignes d’une ferme de Normandie. Bientôt une longue chaussée conduit aux portes de Saint-Sébastien. Quoi de plus pittoresque et de mieux posé que cette ville au pied de sa montagne pressée de trois côtés par la mer ? Pourquoi faut-il que les vieilles habitations biscayennes, brûlées et rasées par les Anglais, aient fait place à des rues monotones, toutes tirées au cordeau, toutes jaunissantes du même badigeon ? Seules se détachent de cette perspective les deux églises de la Vierge et de Saint-Vincent. Leurs voûtes hautes et larges reposent sur d’élégants piliers de la Renaissance. Saint-Vincent a déjà un de ces grands retables qui font l’orgueil des églises espagnoles, et qui montent jusqu’à la voûte, portant toute une épopée religieuse dans leurs tableaux, tout un paradis dans leurs sculptures. Je n’oublierai pas non plus la place du marché, animée par des groupes de vigoureux paysans, et de paysannes qui laissent tomber jusqu’aux talons leur longue natte. Les fruits du pays, les vins enfermés dans des outres, arrivent sur des chariots à bœufs, dont les roues pleines et sans rayons représentent assez bien les équipages d’Alaric et d’Attila. Cependant l’alguazil fait sa ronde sous les arcades, tout de noir vêtu, le tricorne en tête, le manteau sur les épaules,
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