Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/168

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surviennent pas toujours, elles sont toujours possibles. Les enfants nés ou à naître sont les créanciers perpétuels de l’association conjugale. Elle leur doit premièrement la vie, l’éducation jusqu’à la majorité, peut-être des aliments à tout âge, et assurément des conseils et des exemples. Elle leur doit ce que les époux divorcés ne peuvent plus tenir, lors même qu’ils ont fait de leurs enfants un partage impie. Voilà des tiers qui n’ont point pris part au contrat, dont il a fixé le sort, qui ne permettent pas de le résoudre, car ils peuvent moins encore que les parties contractantes être remis au premier état, restitués in integrum, comme parlent les jurisconsultes. Dieu même ne leur rendrait pas la paix du néant : il ne les déchargerait pas du lourd devoir de la vie, ni de cette immortalité dont leurs parents répondent. Le mariage n’a que des conséquences irréparables ; la famille qu’il crée ne peut donc avoir que des liens indissolubles.

L’indissolubilité, qui fait la force de la famille, en fait aussi le modèle de toutes les sociétés politiques. Les sociétés n’ont que deux principes possibles, ou l’égoïsme et l’exploitation de tous au profit de chacun, ou le sacrifice et le dévouement de chacun au bien de tous. Le principe de dévouement domine les sociétés à mesure qu’elles deviennent plus parfaites, à mesure qu’elles appellent un plus grand nombre de citoyens à les gouverner, c’est-à-dire à les servir ; et c’est en ce sens que